Ces articles sont avant tout destinés aux étudiants suivant l’atelier Podcast et écriture sonore du Master Médias & Créations numériques de l’université de Bourgogne.
Définition de la Radio
Diminution de Radiodiffusion : « Action de radiodiffuser, de transmettre par la radio ; émission et diffusion du son au moyen des ondes hertziennes » ou « Organisme (privé ou public) chargé de diffuser régulièrement des programmes sonores variés destinés à toute personne possédant un appareil récepteur. »
Diffusion :
La radio c’est donc avant tout de la radiodiffusion d’une transmission radio-électrique qui existe depuis 1895. Il faut un émetteur et un récepteur. Le récepteur c’est votre poste de radio, l’émetteur c’est pour faire simple, un tout qui va du microphone qui reçoit l’information jusqu’à l’antenne qui la diffuse.
Je pique une définition au site Onde Numérique
Il y a différents type de technologie permettant la diffusion radiophonique :
- La plus courante est la modulation de fréquence connu sous le nom bande FM, avec des bandes de fréquences utilisées vont de 87.5 à 107.9 MHz avec une bande passante de 15kHz.
- La plus ancienne est la modulation d’amplitude (AM), la qualité y est moindre, elle est sensible au parasitage. On peut diffuser en Grandes ondes (LW pour long wavelenght), c’est à dire de 150 kHz à 281 kHz, en onde moyenne (MW) de 520 à 1620 kHz, et en ondes courtes (SW) sur 12 bandes réparties de 2,3 à 26,1 MHz. Plus c’est court, plus ça va loin.
Historique de la Radio en France
Invention
La première émission en France a été diffusée par la Station Tour Eiffel 24 décembre 1921. Elle dure 30 minutes et contient ne revue de presse, un bulletin météo et un morceau de musique au violon. L’invention date elle de la fin du 19e siècle. En 1937, il y a 21 stations autorisées par l’État, 3 nationales, et 18 relais provinciaux. En 1945, il n’y en aura plus que 3. Refroidis par la puissance de la propagande nazie qui s’est beaucoup appuyée sur l’outil radiophonique, les dirigeants français verrouillent pour longtemps les ondes. Se développent donc une série de stations radios francophones en périphérie de la France (radio périphériques). Certaines déjà existantes comme Radio Andorre, Radio Luxembourg (RTL) ou Radio Monte Carlo (RMC) d’autres nouvellement créées comme Europe 1 qui émet de la région Allemande, La Sarre, à partir de 1955.
Le Transistor
En 1939, il y a 5 millions de récepteurs déclarés. À la fin des années 1950, l’application du transistor, un nouveau composant, plus léger, à l’allumage instantané, demandant une tension électrique plus faible et donc pouvant fonctionner avec des piles, permet de réduire la taille des postes de radio, de les rendre transportables et donne un coup de boost à la démocratisation de la radio. En 1962, 85% des ménages français ont au moins un récepteur radio, allumé en moyenne 10h par jour. De même l’augmentation de la consommation des ménages durant les Trente glorieuses augmente les marché publicitaire et donc les recettes des radio privées. Les jeunes adoptent en masse la radio dans les années 1960 ce qui crée des tensions sur les programmes entre les programmes familiaux et des programmes plus transgressifs, notamment musicaux pour les ado : Good Morning England.
Le public
En 1949, la RTF (Radio Télévision Française) voit le jour. La redevance avait été instaurée en 1933 en échange de l’interdiction de la publicité sur la radio publique. A partir de 1949, elle est due à l’État par les détenteurs des postes de télé et de radio. Il y a 5 chaînes (dont Radio Alger). En 1958, une restructuration remplace ces canaux par Paris-Inter, La Chaîne Régionale et la Chaîne Nationale.
En 1975, l’ORTF est dissoute, conséquence de mai 1968. Radio France apparaît en reprenant les 4 chaînes radio publiques existantes : France Inter, France Culture, France Musique et FIP. En 1980 sont créées les premières radio locales de Radio France qui, en fusionnant, donneront naissance à France Bleu en 2000. En 1986 est créée France Info, première chaine d’info en France. En 1996 est créée à Toulouse Le Mouv à destination des jeunes.
La libéralisation
En 1981, l’arrivée de François Mitterrand coïncide avec la volonté politique de libéraliser la radiodiffusion sur la bande FM et la télévision. Les radios périphériques émettent désormais de France et des centaines de radios libres apparaissent. Certaines ne durent que quelques mois ou quelques années faute de financement. Une sélection se crée mais demeure des radios plus spécialisées pour les goûts de chacun, des radios locales, musicales, « jeunes », généralistes etc.
Enregistrer du son
Une autre invention a un impact considérable sur la manière de « faire la radio » Le magnétophone, amélioration en 1928 par un allemand d’un invention américaine se répand en Europe et en Amérique du Nord à la sortie de la 2de Guerre mondiale, il peut alors enregistrer 30 minutes de son avec 2800 m de bandes audio. Ce qui fait une bobine de 15 kg. Il permet la haute-fidélité sonore et la stéréo (enregistrement de deux pistes sur la même bande) depuis 1941.
Mais c’est en 1951 avec le lancement du Nagra I, portable, plus petit 30 × 18 × 10 cm, des bandes plus fines. Puis surtout le Nagra III, sorti en 1955 pesant « seulement » 5kg permet de réaliser du radio-reportage dans des situations nouvelles (L’everest par exemple etc.). Ce n’est qu’en 1995 que la sortie du magnétophone Nagra ARES permet de passer sur support numérique et donc de réduire drastiquement le poids. Aujourd’hui, on utilise toujours une version améliorée du nagra Ares nommé BB+ à Radio France.
Bien sûr rien de tout ça n’aurait été possible sans d’autres inventions par exemple celle du microphone dont la radio Suisse francophone, la RTS, a très bien raconté l’histoire et sur lequel vous pouvez trouvez une chronologie sur le site de Greenlane.
Pour aller plus loin sur l’histoire de la Radio :
- Sur le site de Radio France
- Des articles sur le site de la RTBF : L’histoire de la Radio en image et Retour sur l’histoire de la radio.
- Un livre : Petite histoire de la radio française de 1920 à nos jours, Daniel Lesueur, Camion Blanc Eds, 2018.
Les radios en France aujourd’hui
- Radio publiques : groupes radio France, 8 radios avec chacune une mission particulière : France Inter (généraliste), France Info, France Bleu (44 stations locales), France Culture, France Musique, FIP et Mouv.
- Radios Privées Généralistes : RTL, RMC, Europe 1,
- Radios Privées musicales : NRJ, Nostalgie, Skyrock, RFM, RTL2, Fun Radio…
- Radios Privées indépendantes : le groupement d’intérêt économique Les indés radio créé en 1992 pour peser face aux radios nationales, notamment sur le marché publicitaire. Le groupement comprend 129 radios.
- Radios Privées associatives: 569 différentes par exemple radio Paris Fréquence Plurielle, Radio Canut à Lyon, Radio Grenouille à Marseille, Radio FMR à Toulouse etc.
La liste des radios françaises sur wikipedia est très complète.
L’audience de la Radio
Un point sur les audiences qui sont calculées par Médiamétrie en 4 vagues par an. Elle est calculée en interrogeant par téléphone 126000 personnes en France sur les radios qu’ils écoutent. Audience cumulée, représente la part de personnes interviewées ayant été en contact avec la radio. Est ensuite calculée l’audience moyenne d’une radio sur une tranche horaire. La part d’audience c’est le pourcentage de personnes, écoutant cette radio sur les personnes écoutant la radio. :
La radio, à l’âge du numérique
Le numérique qui se développe depuis les années 1960 (notamment grâce à la miniaturisation des mêmes transistors qui sont dans les postes de radio) permet de nouvelles formes de diffusion. Notamment ce que l’on appelle la Radio Numérique Terrestre. Le standard le plus répandu est aujourd’hui le Digital Audio Broadcasting dans sa version 2.0 que l’on appelle DAB+. En gros, ça réutilise les ondes audio comme la FM, mais avec une technologie numérique permettant une meilleure qualité audio, l’absence de parasitage, une meilleure couverture, une moindre consommation électrique et un nombre de canaux supérieurs donc plus de radios.En octobre 2021, 39% des Français sont couverts par la technologie DAB+. À la fin 2022, ce sera la moitié de la population. On peut voir sur le site du CSA qui est couvert.
Pour tout savoir sur le son et l’histoire de la radio, il faut écouter la série de podcast « Radio numérique » de l’émission Petit Carré Utile de radio FMR proposé par Dascritch. Vous savez désormais que si vous lui posez une question aussi simple que : “est-ce que vous êtes diffusé en DAB+”, il risque de vous faire une brève série de 11 émissions. Merci à lui pour la précision de ses explications.
Définition du Podcast
C’est la mise à disposition d’un fichier son au format numérique sur internet. On différencie les podcast replays d’émission de radios diffusées sur la FM, des podcast natifs diffusés uniquement sur internet.
Le Podcast, ou Radio à la demande, est diffusé grâce à une technologie inventée à la fin des années 1990 ; et appelé flux RSS (Really Simple Syndication). En gros, cela permet de créer un flux de données sur lequel s’ajoute automatiquement le dernier contenu d’un site, d’un blog, d’un forum.
Histoire du Podcast
En 2001, Adam Curry, Tristant Louis et Dave Winter ont l’idée de syndiquer du contenu audio via un flux RSS. La même année Apple lance son lecteur de MP3 l’IPod et comprend assez vite l’intérêt de ces flux rss audio. A partir de 2005, Apple encourage la création de podcast grâce à des tutoriaux de montages audio, la création d’un répertoire de podcast dans Itunes et la création de programme permettant le téléchargement et l’écoute.
Le mot est une contraction de Broadcasting (diffusion en anglais) et d’iPod créé en 2004 par Ben Hammersley, journaliste au Guardian.
La WBEZ, le réseau de radios publiques américaines est la première institution a lancé un programme de Podcast This American Life qui a gagné en 2020 le prix pulltizer. Le studio du même nom, est a l’origine de la série de podcast la plus virale de l’histoire, Serial, diffusée en 2014.
Ce qui a changé l’avenir du podcast, en particulier en Europe, c’est la généralisation du smartphone ainsi que la diffusion du Bluetooth notamment dans les voitures. Désormais, c’est le récepteur privilégié pour l’écoute du podcast via des applications nombreuses : Apple podcast, Google podcast, Podcast Addict, Spotify, Deezer etc.
Pour plus de précisions, vous trouverez plein d’informations sur le site de la Revue des médias : Une brève histoire du podcast en 11 dates ou dans cet article de Podmust : Podcast, c’est quoi ? Définition, histoire, vous allez tout savoir.
Il existe depuis les années 1990, des morceaux d’émissions en France sur Internet. Par exemple, de l’émission de radio FMR Masha dans l’espace en 1998 comme le cite Dascritch dans la série de podcast mentionné plus tôt..
Mais c’est Arte, qui la première lance vraiment une « radio à la demande » avec Arte Radio en 2002. En 2001, j’écoutais avec passion la série humoristique médiéval fantastique Les Donjons de Naheulbeuk créé exclusivement pour le web. Il faut donc se garder des discours marketing qui tendent à faire du podcast une révolution toute récente. Je vous conseille d’ailleurs de lire la magnifique et un brin vindicative série d’articles de feu Syntone sur l’histoire du Podcast en France. On y mesure toute la créativité d’un milieu souvent invisibiliser par les narratifs récents :
- Il était une fois le podcast. 1 : Faire table rase ?
- Il était une fois le podcast. 2 : Un terrain vague inépuisable
- Il était une fois le podcast. 3 : Des cabanes aux immeubles
Pour résumer schématiquement : dans les années 2000 existe déjà tout un mouvement prolifique autour de la création radiophonique numérique et des podcasts indépendants de discussions. De nombreux créateurs expérimentent tout et n’importe quoi sur des supports très divers, You Tube, Soundcloud, Internet Archive, Blog… Ils sont la plupart du temps « indépendants » c’est-à-dire sans une structure institutionnelle pour les diffuser.
Mais très vite ce sont les grandes émissions de Radio qui arrivent en tête des résultats d’écoute en ligne. Radio France a rendu disponible la plupart des ses émissions sur internet dès 2005 (ou 2010, ça dépend les sources). Et dans le monde francophone, il faut attendre 2008 pour que la RTBF commande le premier podcast natif (uniquement diffusé sur internet) des radios francophones européennes.
L’écosystème du podcast aujourd’hui
2016 est un tournant mais pas tant en termes de créativité. C’est plutôt une histoire de structuration et de développement d’une économie. Toutes les grandes radios se lancent résolument dans la radio délinéarisés en rendant disponible leurs émissions en ligne et en créant du podcast natif. En même temps de nouveaux acteurs apparaissent que l’on appelle « studios de podcasts » : Binge Audio, Louie Media, Nouvelles écoutes. Depuis, bien d’autres sont arrivés Paradisio Médias, Insider Podcast, Bababam, Engle, RadioKawa, Nique la radio etc.
Certains de ces studios se financent grâce à des productions de podcasts pour des marques (L’Oréal avec Open Air par exemple), des institutions (des musées, des théâtres) ou d’autres médias. Certains ne font même que ça : Moustic Audio Agency (qui existe depuis 2007), Plink, Studio W…
Des journaux ou des chaînes de télévisions ont aussi lancé leur propre podcast. Comme des journaux avec l’excellent Code Source du Parisien, La Story des échos, L’envers du récit de La Croix. Ou bien encore le podcast de Brut. fait par Paradisio.
D’autres studio ou groupement d’indépendant existent depuis longtemps et sont des héritiers des créations des années 2000 comme arte radio, ou le studio De Qualiter qui a longtemps produit le podcast Studio404 ou bien fréquence moderne qui est un regroupement de plusieurs podcasters. Wave.audio est un peu entre plusieurs tendances.
Il y a sur le site Podcastics une liste assez bien faite des différents acteurs du podcasts en France.
Ainsi qu’un Guide bien fait de Télérama.
Dans une deuxième partie on se demandera si on peut gagner sa vie comme auteur radiophonique.