Ces articles sont avant tout destinés aux étudiants suivant l’atelier Podcast et écriture sonore du Master Médias & Créations numériques de l’université de Bourgogne.
Préparer son tournage
Définir un plan de tournage : un document qui récapitule les dates, les heures, les lieux de votre tournage quand vous les avez, le nom des intervenant.es, leurs contacts, le type d’enregistrements à prévoir (ambiance, le matériel nécessaire pour l’enregistrement etc.). Cela permet que tous les membres de l’équipe aient les bonnes infos et de prévoir le bon matériel.
Préparer un tournage c’est comme un spectacle. Essayez de vous imaginer comment cela peut se passer, ce que l’intervenant.e va pouvoir répondre à vos questions, comment lui faire décrire quelque chose, lui faire faire quelque chose etc.
Préparez vos interviews
- documentez-vous sur la personne (écrits, autres interviews, réseaux sociaux…),
- au besoin faites une pré-interview au téléphone (stipuler au début de l’entretien que la pré-interview n’est que pour donner des pistes, délimiter le champ de l’interview, ce ne sera pas les mêmes questions pendant l’enregistrement),
- aller faire un repérage sur les lieux tu tournage si vous en avez la possibilité (repérer les situations sonores, les ambiances, les nuisances sonores, trouver vos lieux de tournage les plus signifiants)
- documentez vous sur le sujet (livres, articles, etc.)
- préparez une fiche de questions qui servira de pense-bête, vous n’aurez surement pas le temps de la regarder beaucoup donc soyez sûr de bien l’avoir en tête lors de l’interview (le mieux avec un développement logique : commencer par des choses simples et factuelles et aller vers le ressenti, ça laisse le temps à la personne de se détendre)
Quelles questions poser ?
1. Les descriptions
Pensez que les auditeurs ne voient pas donc faites décrire à chacun où il est, ce qu’il fait etc..
Il faut donner à l’auditeur l’impression d’être immergé dans l’environnement. Quand une personne fait quelque chose laisser le temps d’écouter ce qu’il fait sans parler, sans qu’il parle non plus avec juste les bruits de l’action qui se fait.
2. Récolter de l’information
Quand je parle d’informations, je parle des 5W : What / Why / Where / When/ Who
La question des durées est importante aussi (Depuis combien de temps vous habitez ici, depuis combien de temps
3. Le ressenti
Le documentaire sonore est un espace où le sensible et la sensibilité peuvent se déployer. Donc essayer de travailler vos questions en ce sens. Exemple : quel est votre premier souvenir dans cet endroit, quel souvenir avez-vous du moment où vous avez commencé ce métier etc.
4. La clarté
Mettez-vous à la place de l’auditeur et demandez vous quand la personne parle : est-ce que je comprendrai ce qu’elle dit si je ne la voyais pas ? Si ce n’est pas le cas n’hésitez pas à demander des précisions : c’est-à-dire ? Qu’entendez-vous par là ? Est-ce que vous pouvez le décrire ?
NB : Il ne faut pas hésiter à faire répéter si la personne a mangé un nom de village ou un nom propre. Ou pour lui faire dire la signification d’un sigle ou expliquer un mot qui relève d’un jargon que peu de gens comprennent.
5. Chaque intervenant.e a un domaine
Vous ne posez pas les mêmes questions exactement à chaque intervenant.e car chacun.e a une perspective particulière sur le problème :
Chacun a aussi son rôle dans le documentaire, vous l’avez sélectionné pour une raison en particulier, parce qu’il connait un aspect du problème en particulier que les autres ne perçoivent pas, donc il faut construire votre interview à partir de ça et ne pas multiplier les intervenants qui ont des profils similaires.
Par exemple si vous faites un documentaire sur les urgences à l’hôpital, essayez de parler à un médecin, un aide-soignant, un patient, des gens d’âges différents, des femmes et des hommes etc. Le médecin sera plutôt interrogé sur le fonctionnement des urgences en général, l’aide soignant sur ce qui a changé dans son métier ces dernières années et la précarité des professions de soin, le patient plutôt sur la situation de la médecine en dehors de l’hôpital et son expérience de son passage tout de suite etc.
Techniques de l’entretien
Soyez sympa avec votre interlocuteur.trice, expliquez clairement le projet, ne leur faites pas de mauvaises surprises. Vous êtes responsables aussi de l’éducation aux médias des gens autour de vous, personne n’a la science infuse, pensez que vous avez fait des études spécialisées pour savoir ce que vous savez. Mettez vous à la place des personnes interviewées : elles vous confient une histoire (parfois intime) avec laquelle vous allez gagner votre vie, pas elles. Ayez conscience de cette asymétrie et honorez la confiance dont elle témoigne. Ayez conscience de votre position par rapport aux personnes interviewées.
Durant l’interview :
- NE DITES RIEN QUAND LA PERSONNE PARLE !!! N’acquiescez que de manière silencieuse (pas de ok, d’accord, ou autre hum). Laissez vos intervenant.es finir leur phrase avant de poser une autre question !
- Demander à la personne de se présenter au départ
- Dites où l’on est ou faite le décrire à vos invités (quand aussi, si c’est signifiant)
- Attention, on peut garder les questions donc il faut qu’elles soient formulées d’une manière claire
- Ne lisez pas vos questions, on cherche plutôt une conversation, regardez votre interlocuteur.rice, cela l’aidera de savoir que vous l’écoutez, que vous êtes attentif
- Répétez à chaque question le nom de l’invité, et si cela s’y prête donner sa fonction, cela fera une transition.
- Éviter les interviews à plusieurs personnes, c’est très difficile à faire, encore plus à monter. Prenez les personnes les unes après les autres
- Pensez à l’auditeur.rice : dites à votre interlocuteur.rice qu’iel ne s’adresse pas à vous mais à l’auditeur, donc faites attentions aux dates : on ne parle pas de l’année dernière mais de 2020 par exemple, quand la personne donne un sigle ou un mot compliqué demandez la définition etc.
Techniques (basiques) de la prise de son documentaire
Rappels
Je ne suis pas technicien, ni opérateur du son, ni ingénieur du son. Les pistes que je donne, ne sont que des grandes lignes nécessaire à savoir pour le travail d’auteur.rice sonore. Si vous voulez passer à d’autres niveaux pour la prise de son, il vaut mieux faire une formation avec un.e professionnel.le.
La prise de son de l’interview :
Soyez très près de la bouche, faites attention aux ambiances et penser au montage (s’il y a un avion sur une partie et pas ensuite, il va y avoir un problème de raccord).
Prenez à la fin de l’entretien une minute d’ambiances sonores. S’il y a une ambiance qui ne se reproduira (passage d’avion par exemple ou autre prenez en quelques secondes avant la prochaine question)
Préférez un lieu signifiant (un conducteur de train dans sa cabine)
Sinon, un lieu calme (mais attention à la réverbération, aux ambiances salle de bain, aux ambiances trop plates)
Si vous êtes en promenade, ne changez pas de côté de l’enregistreur.
La prise de son stéréo
De manière générale, imaginez-vous le son comme quelque chose en 3D, comme une scène de théâtre ou une pièce. Vous voulez donner à entendre la profondeur des lieux (plan large) ou au contraire la proximité immédiate avec un son (gros plan). Certaines choses sont loin d’autres proches, certaines choses sont à droite ou à gauche, d’autres traversent la scène. L’enregistreur c’est l’auditeur, qu’est-ce que vous voulez lui faire entendre, où voulez-vous qu’il soit ? Essayez d’avoir du mouvement (non pas celui de l’enregistreur mais de ce qui se passe autour, des gens qui passent de gauche à droite, qui s’éloignent etc.)
Pour des précisions sur les différentes prise de son stéréophoniques je vous conseille de regarder la page Wikipédia de la captation stéréo
Et c’est deux pages :
- L’une simple : https://apprendre-le-cinema.fr/la-prise-de-son-stereophonique/
- L’autre plus précise : http://voyard.free.fr/textes_audio/pds_stereo.htm#couple_ortf
Ambiances, raccords et paysages sonores
1. Le paysage sonore
Pour moi, le paysage sonore est comme un plan large au cinéma. On enregistre des éléments au loin qui se mèle et cela permet de reconnaître dans quel environnement on est (urbain, campagne, forêt, village etc.)
La paysage sonore est essentiel dans un documentaire sonore. Le son raconte autant que la voix. Il faut donc donner une attention particulière à l’enregistrement des sons des lieux dans lesquels vous allez.
Écoutez le documentaire Paysage sonore sur Arte Radio d’Anthony Carcone, c’est une écoute commentée (en anglais) par le compositeur canadien R. Murray Schafer d’un paysage sonore urbain.
Repérer ce qui fait son naturellement dans l’environnement où vous êtes : des voitures, des pas sur de la pierre ou dans l’herbe, des portes qui s’ouvrent, des parquets qui grincent, des animaux, des cloches d’église ou muezzins, un vélo qui passe, une poussette, des voix au loin etc.
2. L’ambiance sonore
Pour moi il s’agit de faire entendre les sons directement en relation avec de quoi parle votre documentaire. Par exemple vous faites un documentaire sur les métiers du bois. Vous interviewé un menuisier, vous allez enregistrer le son dans un atelier de menuisier de toutes les manières possibles. Cela vous servira de plan de coupe et pour reconstruire votre ambiance au montage.
Exemple : Vous allez faire des plans large de l’ensemble de l’atelier, vous allez peut-être faire un traveling en arrivant de l’extérieur de l’atelier pour aller vers l’intérieur. Vous allez faire des gros plans pour faire entendre le travail du rabot à main sur une planche, un grincement du bois lorsqu’il est tourné… Il faut enregistrer le maximum de son différents et sur des périodes allant d’au moins une minute à 5 minutes en fonction de la durée du documentaire.
Vous pouvez aussi faire décrire à un menuisier ce qu’il est en train de faire : “je prends des planches pour faire ça ou ça, après je les débitent à la scie circulaire puis je vais les poncer etc.”
3. Les raccords
Les raccords sont des sons d’ambiance qui permettent de pas avoir des fautes de raccord au montage. Par exemple une personne fini de parler alors qu’un scooter passe derrière vous. Faites silence jusqu’à ce que le scooter ne soit plus audible puis ensuite seulement poser votre question suivante. Cela permettra de monter beaucoup plus facilement vos interviews.
De même, enregistrez au moins 1 minutes d’ambiances sans voix dans le lieu où vous avez fait vos interviews à la suite des interviews et sans changer la direction de l’enregistreur. Cela vous aidera beaucoup, surtout dans des lieux en extérieur ou bruyant.
Le ZOOM H5
Vous trouverez sur ce lien, un mode d’emploi très simple sur la prise en main du Zoom H5. Il est nécessaire que tout le monde le lise, ça prend 30 secondes.
De notre côté, on utilisera seulement la prise de son stéréophonique avec les micros intégrés L/R (on s’en tient donc au point 3 et on oublie le point 4 du guide). Le but étant d’avoir à peu près tous le même son et que la série soit cohérente de ce point de vue.
Concrètement
On enregistre en .wav, 48kHZ/16 bits !
On met la bonnette à poil quand on est dehors !
On met la bonnette en mousse quand on est dedans !
On mesure à l’oreille mais aussi à la vue le niveau sonore : entre -12 et -6 DB.
Remettez la date et l’heure à jour avant l’enregistrement, ça vous fera gagner du temps au dérushage.
Ne bougez pas votre main sur l’enregistreur et attention au câble du casque !
Combien de temps on enregistre ? 5 fois plus que ceux que l’on garde. Donc si on fait des épisodes de 15-20 minutes alors 1h30 de rushs d’entretiens, grand max 2h (sinon vous allez souffrir pour le dérushage)
Réglages
Je vais vous demander à tou.tes de faire ces trois réglages :
1. Le format d’enregistrement.
On enregistre en .wav, 48kHZ/16 bits ! Le format d’enregistrement est facilement accessible dans le menu : MENU>REC>REC FORMAT>WAV 48kHZ/16 bits.
2. On enregistre tous en Multifile :
C’est presque la même manip : MENU>REC MODE>MULTI FILE
3. Couper la compression automatique
Le compresseur intégré est là pour éviter la saturation mais il est trop puissant et au final, le son manque de puissance :
MENU>IN/OUT>COMP/LIMITER>INPUT L/R>OFF