Un documentaire radiophonique diffusé le 6 avril 2024 dans l’émission Toute Une Vie sur France Culture.
Après mon documentaire sur la journaliste afro-américaine Ida B. Wells, je poursuis mon travail et ma réflexion sur les grandes figures du journalisme.
Albert Londres fait partie de ses illustres inconnus. De ceux dont l’on connait toutes et tous le nom mais dont personne ne sait vraiment qui il est ni ce qu’il a fait.
La carrière de ce reporter est flamboyante mais courte de 1914 à 1932, à peine 18 ans. Mort mystérieuse, enquêtes renversantes, formules dévastatrices, il avait tout pour être remarqué. Pourtant, il a été presque oublié. Pendant plusieurs décennies après sa mort, seul le prix de journalisme portant son nom a maintenu le souvenir de cet homme complexe. Il a été depuis érigé comme la figure tutélaire du journalisme français mais demeure avant tout connu pour quelques phrases pleines de panache comme : “Porter la plume dans la plaie”. Une phrase brandit comme un totem par toute la profession aujourd’hui sans que l’on sache vraiment ce qu’elle veut dire.
On connait peu en vérité la réalité du journalisme d’Albert Londres. Elle contient pourtant de belles pistes pour réfléchir un nouveau journalisme loin des plateaux chargés d’éditorialistes et du marasme médiatique ambiant. Le programme est simple : déplacements sur le terrain, respect des personnes interviewées, subjectivité assumée, engagement contre l’injustice et rigueur sur les faits.
Ce n’était pas évident pour moi de parler d’un homme baigné dans son époque, chargée d’une représentation coloniale du monde et non exempt de stéréotypes racistes. Mais Albert Londres, dans son temps, a changé. Sous le feu de la guerre en 1914, choqué par les destructions et la violence. Par les paroles des bagnards, confinés leur vie durant au frontière de l’humanité, quelque part en Guyane d’où on ne les laissait plus revenir même leur peine finie. Derrière les murs des hôpitaux psychiatriques où les femmes sont enfermées sous le prétexte fallacieux de l’hystérie. Sur le chemin de l’exil des juifs d’Europe de l’Est persécutés bien avant l’arrivée du nazisme. Sur le chantier funeste de la ligne de chemin de fer Congo-Océan où les colons exploitaient jusqu’à la mort des hommes, des femmes et des enfants noirs esclavagisés. Albert Londres a changé sa perspective. Il s’est radicalisé. Il a écrit, il a dénoncé, il a mis tout son poids dans la balance pour que les situations cessent. Avec un certain retentissement.
Bref, je vous laisse vous faire votre avis ! Bonne écoute !
Merci aux intervenant.es : Pierre Assouline, Hervé Brusini, Johanna Capi, Sophie Desmoulin et Marie de Colombel.
Merci à toute l’équipe, Somany et Christophe bien sûr mais aussi :
Lecture : Emil Abossolo Mbo
Mixage : Dhofar Guérid
Coordination : Christine Bernard
Documentaliste Ina : Inès Barja
Attachée de production et page web : Sylvia Favre-Steyaert.
Et puis à Magali Lacousse des Archives Nationales qui nous a accompagné avec bienveillance dans le fond Albert Londres.