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Documentaires Radio – Les jeux vidéo, c’est la vie !

Une série de quatre documentaires radiophoniques, diffusée du lundi 3 au jeudi 6 février 2020 sur France Culture.

Le jeu vidéo est aujourd’hui au centre de notre société. Combien de personnes n’ont jamais touché une game boy, n’ont jamais fait un solitaire sur leur ordinateur ou n’ont jamais essayé candy crush sur leur téléphone portable ? En 2018, près de 50 millions de Français déclaraient jouer au moins occasionnellement. C’est presque les trois quarts de la population nationale.

Je suis moi aussi un de ces joueurs. Je suis né dans les années 1980 et j’ai grandi avec la game boy, la nintendo 64, la playstation 2 et les jeux sur ordinateur. Cela m’a formé comme mes lectures, mes visites au musée, les films et les pièces de théâtre que j’ai vues. Pour moi et des millions d’autres joueurs et joueuses, le jeu vidéo fait partie de la vie.

Pourtant, il est encore souvent perçu comme un monde à part, déconnecté du réel, isolant ceux qui s’y adonnent dans des univers virtuels. On l’accuse de tous les maux. Il serait responsable du mauvais niveau des enfants à l’école, de leur manque d’empathie et de leur violence.

Ces préjugés tenaces empêchent de voir la place réelle du jeu vidéo dans la société. Il faut donc enfin s’en détacher, écouter ce que les joueurs et joueuses ont à dire, explorer comment les créateurs de jeux vidéo racontent des histoires, observer les métiers et les pratiques nouvelles qui se créent autour de ce média et se demander enfin si les jeux vidéo font partie de notre patrimoine culturel. Car il est temps de considérer le jeu vidéo de manière nuancée avec ses bons et ses mauvais côtés.


Épisode 1 : Les jeux vidéo mangent les enfants

Manettes de consoles de jeux vidéo, novembre 2019.

Mercredi 5 août 2019, Etat de Washington, Maison blanche : « Nous devons arrêter la glorification de la violence dans notre société, ce qui inclut les jeux vidéo sinistres et atroces. » Voici comment Donal Trump réagissait aux violentes fusillades ayant eu lieu dans l’Ohio et au Texas quelques jours auparavant. Le président américain n’en est pas à sa première sortie contre les jeux vidéo. Il n’est pas le premier non plus à en faire le responsable d’une déliquescence de la jeunesse happée par des mondes virtuels dans lesquels ils fuiraient les responsabilités du réel. Depuis le printemps 2019, l’addiction aux jeux vidéo est d’ailleurs reconnue comme une maladie psychique par l’Organisation Mondiale de la Santé.

Mais se demande-t-on suffisamment pourquoi l’on joue ? Qu’est-ce qui nous attire dans les jeux vidéo ? Quelle place ils prennent dans nos vies ? J’ai posé cette question à différents joueurs et joueuses, jeunes et âgés, car il me semble enfin temps de les écouter. Sans jugement.

Avec : Stéphane Ouradou, bibliothécaire de la médiathèque Don Quichotte à Saint-Denis, Wahel, joueur de fifa, Marie-Jo Anduze-Faris, fan de Zelda, Vinciane Zabban, sociologue, maître de conférences à l’université Paris 13 et membre de l’équipe Ludespace, François Le Dreff, joueur en ligne, Yann Leroux, psychologue et gamer, Mathilde Remy, ancienne journaliste Jeux Vidéo et ancienne grande joueuse.


Épisode 2 : Les jeux vidéo nous racontent des histoires

Scène du jeu vidéo The Witcher 3, CD Projeckt, 2015.

Une promenade dans une forêt, une énigme dans un vieux donjon, une plongée dans un océan sur une planète inconnue, un combat épique dans une ruelle de Londres… Des dizaines de jeux m’ont marqué par leur jouabilité, leur graphisme, leur musique ou par leur ambiance. Mais ce que je préfère, toujours, ce sont les histoires.

Des milliers de jeux vidéo sortent chaque année dans le monde. Des jeux de sports, des jeux de combat, des jeux d’arcade, des jeux d’aventures, des jeux de rôle, des jeux de stratégie. Certains misent sur d’immenses mondes ouverts que l’on peut explorer sans limite, des open world comme on dit, d’autres préfèrent tabler sur des jeux très simples et légers techniquement. Le marché est très concurrentiel.

Mais ce qui fait la différence ne serait-ce pas la capacité d’un jeu à nous raconter une histoire qui nous tienne en haleine comme un bon livre, un bon film ou une bonne série ? Cela fait longtemps que je me demande comment ces histoires sont conçues pour les jeux vidéo. Je suis donc allé voir différents créateurs de jeu vidéo français, du studio Dontnod au créateur de fiction interactive Fibre Tigre en passant par les studios Spiders, Atelier 801 et Expressive Game.

Avec : FibreTigre, auteur de fictions interactives, Jehanne Rousseau, scénariste et présidente du studio Spiders, Arnold Zéphir, développeur, Florent Guillaume, Game designer et Game director chez Dontnod, Sébastien Genvo, Professeur à l’université de Lorraine et game designer indépendant, Oskar Guilbert, CEO du studio Dontnod, et Mélanie Christin, graphiste, cofondatrice et gérante du studio Atelier 801.


Épisode 3 : Jouer, c’est un métier

Capture d’écran de la chaîne twitch de streaming de jeux vidéo SolaryHS, novembre 2019.

En 2019, un e-sportif français a pour la première fois gagné plus d’un million d’euros lors d’une compétition. Les équipes de e-sport se multiplient en France, les entreprises investissent dans des compétitions de plus en plus importantes et les chaînes Twitch de diffusion en direct de jeu vidéo rassemblent chaque jour des millions de vues dans le monde.

Mais derrière les feux de la rampe et les succès économiques de certains, la réalité n’est pas toujours aussi rose pour les joueurs et joueuses professionnels. Précarité de l’emploi, dépendance vis-à-vis des éditeurs et des réseaux de diffusion, violence et machisme du milieu. Quoi qu’il en soit, cette réalité professionnelle existe désormais et transforme petit à petit la manière dont les jeux vidéo sont perçus dans la société. Jouer est aujourd’hui un métier pour lequel il reste énormément à inventer.

Avec : Gloppo, Coach et Caster de League of Legends, Kayane, joueuse professionnelle de jeux vidéo et animatrice sur Game One, Nat’Ali, streameuse de jeu vidéo, Amaury Vedis, cofondateur de l’entreprise de Web TV et écurie Esport Solarye, Odemian, streamer et joueur professionnel sur le jeu Hearthstone, EyIL, joueuse semi-pro de League of Legends, et Lucie Schlindwein, porte-parole de l’association Women In Games.


Épisode 4 : Un patrimoine à sauvegarder

Collection de jeux d’arcade Triptik Games, Metz-Blida, novembre 2019.

Je me rappelle encore mon émerveillement lorsque j’ai joué pour la première fois à Super Mario World sur la Super Nintendo. Je ne devais pas avoir plus de 6 ou 7 ans. Les couleurs, la musique, les transformations du personnage, les champignons à attraper, les briques à casser, les niveaux à recommencer encore et encore pour parvenir enfin à la fin. Mais la console sur laquelle j’ai passé le plus d’heures, c’est sans aucun doute la Game Boy. Puis j’ai joué à la Nintendo 64 avec mes amis au collège et à la Playstation 2 au lycée. Aujourd’hui, je n’ai plus aucune de ces consoles, ni aucun de ces jeux. Les endroits pour y rejouer sont rares.

Il y a peu la mode du rétro gaming, qui consiste, poussé par la nostalgie, à racheter de vieilles consoles et des vieux jeux, a permis de faire émerger le débat : que deviennent les anciens jeux, quelle est leur durée de vie et que doit on en faire ? Le jeu vidéo est-il une partie de notre patrimoine culturel comme un autre ? C’est ce que pense différents acteurs, de l’association MO5 à la Bibliothèque Nationale de France en passant par le Conservatoire National du Jeu Vidéo, qui s’emploient à préserver les jeux vidéo des attaques du temps.

Avec : Douglas Alves, historien du jeu vidéo et membre de l’association MO5, Elodie Bertrand, conservatrice à la Bibliothèque Nationale de France, Chef de section documents électroniques Pascale Issartel, Directrice du département de l’Audiovisuel (du son, de la vidéo et du multimédia) de la Bibliothèque Nationale de France, Jean-Philippe Humblot, chef de section support du service multimédia de la Bibliothèque Nationale de France, Bertrand Broccard, fondateur de Cobrasoft et président du Conservatoire National du Jeu Vidéo, Marion Coville, sociologue, Maîtresse de conférences à l’Institut d’Administration des Entreprises de Poitiers et présidente de l’Observatoire des mondes numériques en sciences humaines (OMNSH) et Alexis Blanchet, maître de conférences au département Cinéma et Audiovisuel de la Sorbonne nouvelle Paris 3.

Émission : LSD – La Série Documentaire,

Réalisation : Rafik Zenine

Prise de son : Martin Troadec

Mixage : Alain Joubert

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