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Livre – Travailler, travailler encore

Le 28 août 2025, retrouvez en librairie mon nouveau livre publié par les éditions Creaphis. Une aventure ouvrière au cœur de la désindustrialisation racontée à la première personne. Un essai de journalisme sensible en milieu ouvrier.


Pour celles et ceux qui sont incroyablement pressés vous pouvez déjà le précommandé sur le site de Creaphis.


L’histoire commence en 2014, quand Patrick Le Bellec, fidèle poisson-pilote dunkerquois, m’a fait rencontrer un groupe d’anciens dockers Louis, François, Georges et leurs camarades. Après avoir passé plus de vingt ans sur les docks à décharger et charger à mains nues les cales des bateaux, ce groupe de dockers a été viré en 1994 après la réforme portuaire et la grande grève qui a touché les 8000 dockers français et durant laquelle plus de la moitié d’entre eux ont perdu leurs emplois. Victimes de la mécanisation, du tout container, de la désindustrialisation et du néo-libéralisme.

Cette rupture a obligé ce petit groupe d’ouvriers formés dans le communisme et dans le syndicalisme CGT à se redéfinir et à poursuivre leur lutte autrement. Dans les mouvements de chômeurs, puis ceux en défense des victimes de l’amiante, dans l’économie sociale et solidaire et dans les combats écologistes. En demeurant solidaire, en jouant collectif et en créant une entreprise coopérative autour du bois, ils ont mis en pratique leurs idéaux autogestionnaires et d’égalité salariale. Ainsi il me semble qu’ils sont en quelque sorte le chainon manquant entre les luttes ouvrières du 20e siècle et les mouvements sociaux et écologiques du 21e. Un exemple qui prouve que la classe ouvrière n’a pas disparu d’un seul coup, avec armes et bagages, à la chute du mur de Berlin. Le sujet est d’actualité au moment où une nouvelle vague de désindustrialisation frappe la France de plein fouet.

Pour ce livre, je me suis beaucoup inspiré du journalisme littéraire français (et notamment Albert Londres dans lequel j’avais le nez) et de la narrative nonfiction américaine (en particulier Janet Malcolm et Ted Connover). Je voulais que l’on perçoive le caractère épique de cette aventure ouvrière. Ce groupes d’ouvriers retraités radicaux, qui n’a jamais cessé de lutter jusqu’à l’épuisement, malgré les défaites et les violences de tout poil. Il y avait un côté de la tragédie grecque là-dedans. Et à la fois un côté aussi très terre-à-terre lié au travail manuel et au savoir-faire des dockers dont le métier consistait justement à déplacer des choses bien plus grandes qu’eux.

Et puis, il m’a fallu aussi réfléchir à une manière d’aborder ce sujet, tant je suis étranger au mondes ouvriers du fait de mes origines cantaliennes, plus rurales que portuaires. Sans parler de l’amitié et de l’empathie que j’ai ressenti peu à peu pour ces “vieux fourneaux” engagés jusqu’au bout des ongles. Je suis donc allé puiser (à nouveau) dans la pensée d’Edouard Glissant pour réfléchir à une éthique sensible du reportage journalistique. Une manière de continuer ma réflexion débuter dans les quartiers populaires avec Cheville Ouvrière, mon premier livre.

Travailler, travailler encore sera en pré-achat dans quelques jours sur le site de l’éditeur puis à la rentrée dans toutes vos librairies.

N’hésitez pas à me contacter pour organiser des rencontres autour du livre, je serai très heureux d’échanger sur cette histoire.

Face à la force et la beauté des voix des anciens dockers j’ai aussi réalisé une version sonore (et allégée) de cette histoire. Elle a été produite et diffusé par Making Waves. Elle s’appelle Une bataille mais pas la guerre.

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